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  • Photo du rédacteurLaurent Puech

Étude sur les morts violentes au sein du couple 2019 : premiers enseignements

L'étude nationale 2019 sur les morts violentes au sein du couple vient d'être publiée. Cette enquête propose chaque année une analyse fine et "apaisée" sur un thème qui fait l'objet de nombreuses réactions au cas par cas tout au long de l'année.


Voici quelques points qui me paraissent utile à retenir pour en saisir certains aspects.


Une augmentation après des années de baisse continue

En 2019, ce sont 146 femmes et 27 hommes qui ont été tués au sein du couple. Soit une augmentation de 16%. Mais cette hausse concerne exclusivement des femmes : 24 en plus contre un homme en moins. Un tel niveau n'avait plus été observé depuis 2012. Rappelons tout de même que si cet écart est important, c'est aussi du fait que 2018 était l'année avec le moins d'homicides contre des femmes depuis...2006 !


Cependant, l'observation sur un temps long montre que depuis 2006, année qui a vu la mise en place de l'étude annuelle sur les morts violentes au sein du couple, la tendance est nettement à la baisse (voir mon étude 2006-2017 , la Note 34 de l'ONDRP et les données de 2018), avec des augmentations ponctuelles.

Une augmentation après plusieurs années de baisse doit inciter à la prudence interprétative : jusqu'à maintenant, la tendance est toujours repartie à la baisse les années suivantes. D'ailleurs, si l'on suit les chiffres annoncés par le collectif Féminicides par compagnons ou ex, entre le 1er janvier et le 15 août 2020, il y aurait eu 61 féminicides contre 90 à la même époque en 2019. Une possible régression vers la moyenne ?


Un fait intéressant : une proportion stable parmi les homicides

Si le nombre d'homicides au sein des couples est en augmentation, leur proportion au sein de la catégorie homicides toutes situations confondues est elle quasi-stable. Les morts violentes au sein des couples représentent 20% du total des homicides. Cela interroge. Le phénomène particulier des homicides au sein du couple a évolué au même rythme que l'ensemble des homicides. Ce qui est là aussi une donnée stable. Le niveau de violence létale au sein des couples semble lié à celui existant dans l'ensemble de la société. Un point qui mériterait une étude plus spécifique.


Des tendances similaires aux autres années

Sans surprise, les données 2019 sont proches des tendances qui sont régulièrement observées. Par exemple :

- Des meurtres plutôt que des assassinats. Autour de 80% des cas sont qualifiés de meurtres. Les assassinats (qui supposent la préparation de la mise à mort de l'autre), terme fréquemment utilisé dans le discours militant, ne représentent qu'une petite part des qualifications pénales des actes.

- L'absence d'activité professionnelle pour les 2/3 des auteurs et victimes. Là aussi, il s'agit d'une donnée stable. Cette variable de l'inactivité est massivement présente, sur-représentée par rapport à l'ensemble de la population.

- La violence dans les couples homosexuels : en 2019, 7 hommes ont été tués par leur compagnon (0 en 2018) et 1 femme par sa compagne (3 en 2018). Ces variations importantes d'une année sur l'autre sont trompeuses. Sur de petits effectifs, il est normal de voir de telles variations. La seule donnée exploitable est finalement le fait que la violence létale au sein des couples homosexuels est régulièrement présente, confirmant les études qui montrent l'existence de hauts niveaux de violence dans ces couples (notamment lesbiens, ce qui est peu connu).


Comme pour l'étude 2018, nous pouvons répéter : trop de mortes et de morts. Trop de dégâts humains aussi. La tendance longue est à la baisse. Le Grenelle des violences a contribué à accentuer l'intérêt pour cette question et l'attention de toutes et tous pour améliorer la situation. Du travail a été réalisé depuis très longtemps par les professionnels mobilisés, les institutions et il se poursuit. Si 2020 confirme la baisse en cours à ce jour, cela montrera encore une fois que seule l'évolution sur le temps long est une donnée fiable.



Retrouvez cette étude 2019 ainsi que toutes les autres sur le dossier créé par protections-critiques.org via le lien :



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