Voici quelques-uns des éléments qui ressortent de cette étude qui est parue ce 10 juin 2019.
Une baisse du nombre de femmes tuées dans le couple
Cette année 2018, par rapport à 2017, baisse du total de femmes tuées par leur compagnon ou compagne. Attention : la définition du couple a changé depuis la loi n°2018-703 du 3 août 2018, La cohabitation n'est plus un élément nécessaire pour définir la catégorie "couple". Ainsi, c'est dorénavant le total seulement des femmes et hommes tuées par compagne, compagnon ou ex qui est comptabilisée dans l'étude. Cela signifie que nous ne pouvons pas savoir si, dans la catégorie couple des études précédentes, il y a une évolution à la baisse ou à la hausse.
Néanmoins, il est indiqué en page 15 de l'étude que "Cette année, on recense 15 homicides survenus au sein de relations non suivies ou de couples illégitimes". Ces homicides auraient été considérés comme "hors-couple" auparavant. Dans l'hypothèse où ce sont seulement des hommes qui auraient tué une femme, cela porterait à 106 le nombre de victimes femmes dans le couple au sens de la définition ante-2018, contre 109 auparavant. Là aussi, il s'agirait d'une légère baisse.
Ce que nous savons de façon sûre, c'est que le total des femmes tuées est bien à la baisse, avec 121 victimes contre 130 en 2017.
Baisse plus importante encore du nombre de femmes tuées par un homme
Cette baisse est encore plus importante dans la catégorie "femme victime d'un auteur homme" puisque ce sont en fait 118 femmes qui ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon, contre 130 en 2017. En effet, trois femmes ont été en 2018 tuées par leur compagne ou ex, au sein d'un couple lesbien. Aucun homicide au sein d'un couple gay n'est reporté pour 2018, contre 1 en 2017.
Hausse nette du nombre d'hommes tués
Hausse nette du nombre d'hommes tués (29 contre 16 l'année précédente qui était le point le plus bas depuis de nombreuses années, donc probable régression vers la moyenne).
On voit que les petits chiffres sont difficiles à interpréter dans une lecture sur période courte, avec des variations telles qu'elles doivent nous amener à suspendre le jugement et à tirer de conclusions hâtives.
Des qualifications de "tentative d'homicide" en hausse ?
Un chiffre attire l'attention dans cette étude : celui des tentatives d'homicides au sein du couple, pour la première fois fortement souligné : il est en nette hausse avec 195 cas en 2018 contre 151 en 2017. Mais le fait que le nombre des homicides soit lui en baisse peut inciter à penser que la qualification pénale de tentative d’homicide est de plus en plus utilisée là où par le passé elle était moins mobilisée. Cela traduirait alors plutôt une modification de l’attitude des magistrats.
Des assassinats ? Des meurtres !
Ce sont très majoritairement (+ de 80%) des meurtres (donc sans préméditation) et minoritairement des assassinats, ce qui confirme ce que l'on constate depuis longtemps. L'homicide est donc le plus souvent ce qui survient, dans un moment de tension particulier, marqué le plus souvent par la dispute ou la séparation (annoncée ou réalisée).
Une promiscuité meurtrière ?
Dans 71.8% des cas, l'auteur.e n'exerce pas d'activité professionnelle (retraité ou sans-emploi). C'est aussi le cas des victimes dans 63.1 % des cas. Cette variable de l'inactivité est donc massivement présente, sur-représentée par rapport à l'ensemble de la population.
Trop de mortes et de morts. Trop de dégâts humains aussi. Mais l'évolution à la baisse se poursuit en 2018, confirmant ce que je montrais déjà dans mon étude Morts violentes au sein du couple : derrière les discours alarmistes, une baisse de 25% depuis 2006. Cela montre que du travail a été réalisé par les professionnels mobilisés, les institutions et qu'il doit être poursuivi.
Retrouvez cette étude 2018 ainsi que toutes les autres sur le dossier créé par protections-critiques.org via le lien :
https://drive.google.com/open?id=1AcYtzDo-FCFdZ-vC6Jou48b-1nfOONmX
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