[Ce texte est un inspiré d'un article qui a d'abord été publié en septembre 2016 sur mon blog du site Secretpro.fr. Il a été réactualisé sur certains points et s'inscrit dans une série de textes à retrouver sur ce blog intitulée IP comme... L'introduction à cette série est le texte L'information préoccupante contre la protection de l'enfance ?]
IP comme... Invasion de la Pensée ?
Le premier élément dommageable dans la chronologie des préjudices provoqués par l'information préoccupante, c'est la place centrale qu'a pris cette notion dans les institutions. C'est d'abord autour de ce concept que s'organise la structure administrative de la protection de l'enfance. Voyez les magnifiques organigrammes fonctionnels des services de la protection de l'enfance, parcourez les différents protocoles partenariaux signés par les différentes institutions dans les départements : vous constaterez que dans l'immense majorité des cas, l'IP et la CRIP sont le centre stratégique des relations et liaisons.
Cela a créé une pensée faisant glisser la conception associant d'abord la protection de l'enfance à une mission, pour la remplacer par celle d'une protection de l'enfance comme dispositif... La mission laisse une large palette d'interventions possibles, tandis que le dispositif réduit à un ou quelques possibles la palette des interventions, souvent celles qui se trouvent dans les référentiels institutionnels. Nous sommes donc passés de la protection de l'enfance à l'IProtection de l'enfance... Une illustration de ce mouvement se trouve dans l'Enquête Nationale Informations Préoccupantes de 2011. L'Observatoire National de l'Enfance en Danger y observait que 38 % des départements enregistraient systématiquement dans le dispositif "information préoccupante" les demandes d'aide des familles ! La mission légale de protection de l'enfance offre pourtant de nombreuses autres alternatives que la rédaction d'un information préoccupante lorsqu'une famille, un parent sollicite du soutien... Si une nouvelle enquête sur les IP était faite en 2019, ce nombre aurait peut-être augmenté encore ? Sans compter les "réflexes" des professionnels qui demandent une IP à la moindre demande d'aide.
La pensée des institutions, construite autour de l'IP et de la CRIP, a nourri les pensées des professionnels qui ont de plus en plus été imprégnées par cette question et son corollaire : faire une IP ou pas ?
A suivre...
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