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  • Photo du rédacteurLaurent Puech

Décryptage du rapport de la Mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles


Guy Le CALONNEC – Laurent PUECH

COMMUNIQUE

Juin 2019


« Un enfant est tué par l’un de ses parents tous les cinq jours ! » Cette information, largement diffusée depuis la parution du rapport de la Mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles est plus que préoccupante. Elle se devait d’être évaluée par des travailleurs sociaux.


Dès le début de la synthèse de ce rapport, on lit que « le meurtre d’un enfant par ses parents ou l’un de ses proches provoque toujours une grande émotion et interroge » …

Ce contexte émotionnel, les travailleurs sociaux le connaissent bien et essayent dès le début du travail d’évaluation de s’en protéger. Ils tentent de passer de la subjectivité d’une information, parfois erronée, parfois même diffamatoire pour essayer d’atteindre une vision objectivée de la situation dans laquelle l’enfant se trouve.


La phrase-choc de ce rapport s'est diffusée massivement, dans les médias traditionnels puis sur les réseaux sociaux.


Combien d’entre nous allons plus loin que le seul titre de l’article ainsi relayé ? Qui a lu ce rapport ? Les personnes qui partagent ces informations sont autant sérieuses qu’émues à la lecture de cette phrase choc ! Mais l’émotion et l’indignation qui l’accompagne ne suffisent pas.


Nous avons regardé de plus près. Les résultats et la méthode de recueil confirment que ce n’est malheureusement pas une fausse information mais bien une triste réalité décrite par ce rapport conjoint d’une mission commandée le 05 mai 2017 par l’ancien gouvernement aux trois et très sérieuses inspections des ministères des solidarités et de la santé (IGAS) , de la Justice(IGJ) et de l’Éducation Nationale et de la Recherche (IGAENR).


Les chiffres sont là, implacables, et la phrase « infernale » est en fait un ratio sur les morts violentes d’enfants comptabilisées entre 2012 et 2016… Cependant, cette ampleur, nous en avions déjà une idée, depuis janvier 2018. Ce rapport la confirme. Mais cette étude des données chiffrées révèle aussi quelques limites que nous soulignons, comme nous nous étonnons de la forme de mise en lumière de certaines données au détriment d'autres formes moins sensationnalistes.  Tout statisticien sait bien qu’il y a les chiffres mais aussi leur présentation et l’interprétation que l’on en tire.


Aussi nous partons du postulat qu’une information, ça se vérifie. Ce travail d’évaluation va consister à essayer de décrypter les messages explicites ou implicites qui accompagnent la mise en évidence de ces chiffres mais aussi par l’étude des cas (45 dossiers traités au pénal concernant 50 enfants) sur laquelle repose l’analyse qualitative de ce travail d’investigation. C'est la partie la plus faible du rapport : biais rétrospectif massivement à l'oeuvre, mise en forme des présentations de situations semblant responsabiliser un professionnel parfois jusqu'à l'absurde, omission des contextes de travail pour aller vers des responsabilités seulement personnelles...


C'est pourtant pour une bonne part à partir de ces situations très critiquables quant à la façon dont elles sont analysées et présentées que les auteurs proposent des préconisations. Elles ne sont pas très innovantes et parfois même peuvent être inquiétantes. Elles interrogent 15 ans d’exercice de la protection de l’enfance depuis le vote de la loi du 05 mars 2007 réformant la protection de l’enfance.


Aujourd’hui, par certains de ses aspects, ce nouveau rapport regroupant pourtant plusieurs ministères et qui sort en pleine consultation nationale nous déstabilise, nous interroge, voire provoque une perte de repères. Ainsi, nous « osons » cette évaluation, afin de nommer ces questionnements et lui redonner une perspective plus nuancée.




Table des matières du Décryptage

Décryptage du rapport de la Mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles - Évaluation du fonctionnement des services sociaux, médicaux, éducatifs et judiciaires concourant à la protection de l’enfance. 3


Partie 1 – Analyse des données recensées concernant les enfants tués par leurs parents. 5

  1. Pas de révélation majeure mais des données affinées. 5

  2. Des limites. 7

  3. Une stratégie de communication efficace mais contestable. 8


Partie 2 - Les études de cas… où le biais rétrospectif à l’œuvre. 11

  1. Sur les limites de validité de cette étude selon les auteurs. 13

  2. Un biais majeur ignoré. 13

  3. Les facteurs de vulnérabilité. 14

  4. Refaire le passé : raisonnement risqué. 16

  5. Des données pour certaines fragiles. 16

  6. De multiples exemples de biais rétrospectif. 17

  7. Recherche de la « faille » et mise en scène. 17


Partie 3 - Les préconisations : surtout accentuer la surveillance et la suspicion ?. 22


Pour conclure. 35

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