top of page
  • Photo du rédacteurLaurent Puech

Autisme et protection de l'enfance : la légitime défense des parents face aux protecteurs


La publication d'un Guide Comment se comporter, communiquer avec des travailleurs sociaux ? par l'Association Francophone de Femmes Autistes est une excellente nouvelle. Elle vient dire combien est un moment critique la rencontre avec des travailleurs sociaux suite à une information préoccupante, fort justement. Ce qui est énoncé dans ce guide est vrai pour bon nombre de parents, dépassant très largement les seuls parents autistes et/ou parents d'enfants autistes.


Ce guide décrit clairement ce qui se joue et donne des conseils de gestion de l'entretien par le parent et ses enjeux. Par exemple, sous forme illustrée, page 8 :



Ou page 9 :

"Dans le sigle ASE il y a le mot « Aide »

Il est possible que cette demande soit émise par téléphone et qu’elle revête la forme d’une proposition d’aide, que vous vous sentiriez donc en droit de refuser poliment.

Nous vous conseillons de demander les conséquences si vous refusez.

Ce qu’il est important de retenir c’est que pour eux, vous êtes dans la position de parent ayant besoin d’aide : si vous leur dites que vous n’avez pas besoin d’aide, vous sortez du cadre."


Ou encore page 10 :

"Deux points importants à garder à l’esprit, quitte à les écrire :

▪ la personne en face de vous n’est pas autiste, et elle attend que votre comportement

général soit parfaitement dans les normes sociales,

▪ la personne en face de vous détient le pouvoir"


Tous ces points sont pertinents. Je m'arrête juste sur le dernier, celui du pouvoir, qui est essentiel... pour les professionnels d'abord. J'ai trop de fois entendu certains d'entre eux (et moi aussi à une époque...) balayer d'un revers de main la question de leur pouvoir et la dimension de contrôle qui marque leur intervention. Derrière le mot "aide", on cache des forêts de termes que l'on ne veut pas voir : contrôle, norme, enquête, contrainte... et que pourtant l'on pratique avec douceur...croit-on.


L'excellente nouvelle, c'est que les parents se défendent de ce qui à leurs yeux les met, eux et leurs enfants,en danger. Ce guide en est la meilleure illustration possible et chaque professionnel qui fait des "évaluations" suite à une IP devrait le lire. Il verra ainsi ce que son intervention inspire et génère chez les parents.


Entrer dans un système familial avec l'objectif d'en contrôler le fonctionnement est par nature une effraction, quand bien-même on vous a ouvert la porte. Des parents mis en danger par une effraction ont à défendre le territoire qu'ils protègent. Leur reconnaître cette capacité de protection est un point positif. Hélas, bien souvent, et comme superbement illustré dans le guide, cet acte risque d'abord d'être d'abord interprété de façon négative par certains professionnels.


Mesurer la violence d'un système de protection devrait être un postulat posé par les protecteurs avant leur intervention. Reconnaître que s'en défendre est légitime de la part de parents, voire d'enfants, aussi.


Cette association, en publiant son Guide qui construit une critique utile des interventions professionnelles, en soulignant certains aspects bien réels, aide le monde professionnel. Elle construit un pont possible pour en échanger, pour rediscuter au sein des services de nos interventions lorsque ce n'est pas assez débattu (et c'est le cas dans beaucoup de services où le temps manque ou n'est pas pris...). C'est un miroir imparfait certes, dans lequel un professionnel peut avoir du mal à se reconnaître. Mais ce serait une erreur que de rejeter totalement l'image qu'il renvoie.





bottom of page